mardi 12 août 2014

Oradour (5) : Ausführen

Ausführen : exécuter (un ordre, une mission, un travail).


Le plan est bien établi, le crime est prémédité. La ville d'Oradour/Glane est bien mentionnée dans les archives comme étant la cible choisie. Il s'agit d'aller vite, sans réduction d'effectif. La panzer SS das Reich a autre chose à faire ensuite, puisqu'elle remonte sur le front de Normandie. La ville présente toutes les caractéristiques convenables : relativement isolée, facile à boucler avec ses deux axes principaux, une église ex-centrée et pas de maquisard pour gêner l'exercice. La manœuvre a été réglée la veille à St Junien sur un coin de table de café. La population sera rassemblée sur la place centrale au motif de recherche d'une éventuelle cache d'armes et d'un contrôle d'identité. Pas d'affolement : les gens d'Oradour savent qu'il n'y a pas de maquisard dans leur ville et sont plus intrigués que réellement paniqués. Les femmes et les enfants sont dirigés vers l'église. Puis les hommes sont séparés en 6 groupes et placés dans les granges à proximité, le combustible (le foin) étant sur place.  Le motif est toujours de procéder à la vérification des identités. Les SS demandent d'abord aux hommes de débarrasser les lieux des objets encombrant pendant que certains d'entre eux balayent les abords pour disposer les pièces de tir.


L'artillerie légère est alors déployée en feu croisé à l'entrée des 6 lieux dédiés au massacre. A 16h, l'ordre est donné et les balles claquent. La cadence des armes automatiques est de 20 balles par seconde. Peu de chances d'échapper au feu de la mitraille. Les seuls à survivre à ces minutes d'enfer se trouveront dans la forge Beaulieu ci-dessus où une cinquantaine d'hommes sont regroupés. Ils témoigneront des conditions du supplice : les balles dirigées vers le bas brisaient les jambes et le bas-ventre. Les hommes tombaient les uns sur les autres. Puis les soldats SS s'approchaient pour achever les survivants. Un moment après que la mitraille eût cessé, ils revenaient et montaient sur les corps pour répartir le combustible. Certaines victimes, toujours vivantes, seront brûlées vives dans le feu qui suivra, allumé aux grenades à phosphore.